The secret of wen wang gua parJack Chiu

Il existe peu d’ouvrages sur le Wen Wang Ba Gua en langue occidentale, toute publication dans ce domaine mérite donc a minima un coup d’œil. Que trouve-t-on donc dans cet ouvrage destiné à un public de néophytes ?

Jack Chiu est un auteur de Hong Kong qui a publié plusieurs ouvrages en chinois sur les arts traditionnels classiques dont le feng shui, les arts de la destinée, le Qi Men Dun Jia et le yi king.

Il a un intérêt marqué pour l’astronomie chinoise classique, un savoir au cœur de ces pratiques. Il se propose dans cet ouvrage en anglais d’introduire un public non-chinois à l’art de la divination à travers le wen wang ba gua, une approche technique de l’interprétation des hexagrammes.

The secret of wen wang gua parJack Chiu
Edition ACMC, ISBN : 978-988 -188416-1-9, 254 pages, en anglais​

Mon avis

Compte tenu du titre de l’ouvrage, je m’attendais à un livre exposant les différents aspects théoriques et techniques du WWBG, la question peut être approchée de plusieurs bords différents mais je ne m’attendais certainement pas au choix de Jack Chiu. Il a fallu que je m’y reprenne à plusieurs reprises avant de comprendre que ce qui m’agace dans son livre est aussi ce qui le rend si intéressant. Explications.

Que trouverez-vous dans ce livre ?

Malgré son titre The secret of Wen Wang gua n’est pas un ouvrage dédié exclusivement à cette technique. Il en traite bien entendu les aspects fondamentaux :

  • affectation des branches aux différents yao avec les explications théoriques complètes (p. 115+),
  • notes sur les animaux (p. 129+), information sur les liens de parentés (p. 120+)
  • une liste claire de règles pour l’interprétation (à partir de la p. 137). Bien entendu, ce type de liste ne peut pas être complet, mais celle-ci a le mérite d’exister et c’est un ajout assez rare pour saluer l’effort fourni par l’auteur pour guider les premiers pas d’un débutant.

L’auteur a manifestement une prédilection pour les textes classiques dont il cite de nombreux passages qui permettent au lecteur de situer différents concepts dans le temps. Toutefois ils exigent une explication complémentaire pour que le sens émerge d’une formulation trop souvent lapidaire. Je ne sais pas très bien pourquoi l’auteur a jugé nécessaire d’appuyer une (trop grande) partie de ses propos sur ces citations car le lecteur qui se donne la peine d’acheter le livre lui fait crédit de connaître son sujet.

Sur la partie strictement WWBG, vous trouverez des informations originales sur les animaux p. 125-6, à l’exception du serpent, du tigre et de la tortue qui ne semblent pas l’avoir inspiré. Les règles d’interprétation proposées sont les plus claires que j’ai jamais lues sur le sujet (p. 137-160) en ce qui concerne l’importance relative des différents facteurs et l’ordre dans lequel ils doivent être traités.

A titre d’exemple, voilà la traduction des explications sur les lignes fixes :

Une ligne qui ne mute pas n’a en principe pas d’impact sur les autres lignes (pas de clash, de combinaison, de harm, etc.), mais une ligne mutante peut l’affecter.

Une ligne non mutante devient active si elle est clashée par la branche du jour ou si elle combine avec elle. Elle peut alors impacter les autres lignes mais uniquement dans une relation de production ou de contrôle.

Jack Chiu, traduction Nathalie Mourier

Simple, non ? Evident même, pourrait-on penser mais je n’ai jamais rien lu d’aussi limpide sur le sujet. La plupart des explications de ce chapitre sont d’une grande claireté, même si Jack Chiu nous laisse à l’occasion sur notre faim :

  • L’analyse de la force d’une branche au regard de la branche mensuelle est pauvre.
  • Il n’y a pas grand-chose sur le yong shen (qu’il appelle le vulnérable).

En revanche, une étude attentive des cas pratiques proposés dans le livre permettra au lecteur patient et passionné de compléter certains éléments (sur la question du sujet et de l’objet, voir par exemple p. 195 le cas du Real Madrid).

Un heureux mélange des genres

Je pourrais encore m’étendre sur les manques de ce livre mais il y a mieux à faire : si Jack Chiu voulait écrire un ouvrage pédagogique sur le WWBG, il a partiellement raté le coche même s’il en traite certains aspects de façon intéressante. Mais le plus curieux c’est que, malgré son titre, plus de la moitié de son livre ne traite pas de WWBG, mais de Zhou-yi : interprétation de l’hexagramme à l’aide du texte, matinée d’une sérieuse dose de manipulation des trigrammes (voir par exemple l’interprétation de Bi, p. 59-67), ensuite les huit exemples détaillés sont une sorte de feu d’artifice et les interprétations combinent : l’approche par le texte, l’approche par les trigrammes, le WWBG.

Qui dit mieux ? Peut-on tirer un hexagramme et en extraire tout le jus en jetant dans la bataille toutes les techniques d’interprétation que nous connaissons ? Si on tire un hexagramme faut-il décider à l’avance de la technique qu’on appliquera pour l’interpréter ? Si on veut poser une question et l’analyser à l’aide de deux techniques différentes, faut-il tirer deux hexagrammes en décidant à l’avance de la technique qu’on appliquera ? C’est une question de novice, et dieu sait que dans le domaine on le reste longtemps mais c’est une question courante qui reçoit souvent des réponses parfaitement contradictoires.

En lisant Jack Chiu, on comprend que la question ne se pose pas : le même objet est contemplé sous tous les angles avec toutes les lunettes disponibles à portée de main.

En conclusion et mode d'emploi suggéré

Pour ce qui concerne le WWBG stricto sensu, je suggère une lecture discursive à ceux qui démarrent. Les novices qui ne veulent pas renoncer trop vite sauteront allègrement tout ce qui touche au zhou-yi et les digressions :

  • Piochez dans les pages dans les pages 1 à 84 les quelques infos dont vous avez besoin sur les trigrammes et les cycles des éléments (wu xing),
  • Puis passez à la page 87 pour découvrir les règles d’interprétation du WWBG,
  • Faites un détour par la partie dédiée au tirage (p. 69) si vous ne savez pas comment établir l’hexagramme. Je vous suggère vivement dans ce cas de choisir la méthode par les pièces dans un premier temps, vous pourrez toujours vous intéresser aux baguettes dans un second temps (p.81).

Pour suivre Jack Chiu dans ses pérégrinations du texte, vous aurez aussi besoin d’un livre de yi jing comportant les images, les jugements et les commentaires. En français le R. Wilhelm et en anglais le J. Blofeld (I Ching, the book of changes) feront bien l’affaire.

Vous trouverez également de nombreuses informations précieuses dans les publications suivantes de Marip

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