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Le qimen dun jia est un art classique utilisé en stratégie de guerre et pour toutes sortes d’aventures humaines. Il sert à la fois pour établir des stratégies, élaborer des prédictions, qualifier le feng shui d’un lieu, analyser la destinée d’un individu et identifier les moments charnière de sa vie, faire des prédictions du sujet le plus trivial au plus important.

C’est le couteau suisse des arts traditionnels.

Quelques repères sur le qimen dun jia

Le terme qimen dun jia 奇門遁甲 apparaît dans des contextes très différents, à la fois du point de vue de l’usage et de celui des techniques impliquées. On peut distinguer deux grandes catégories : le shu qimen 术奇門 et le fa qimen 法奇門. On constate toutefois que dans la réalité les maîtres de ces techniques n’opèrent pas de distinction aussi nette entre ces deux approches.

Il existe un passage célèbre dans le Roman des trois royaumes dans lequel le stratège Zhuge Liang assiste l’armée des Shu contre les troupes adverses. S’appuyant sur un ouvrage intitulé « Comment se dissimuler » il peut commander aux vents et à la pluie. Il s’arrange donc pour faire se lever un vent du sud-est un jour particulier et il protège les troupes au moyen d’un talisman. Une victoire sinon impossible est gagnée.

Pour un oeiI averti, la description de la scène indique clairement qu’il utilise à cette occasion le shu qimen et le fa qimen.

ZhugeLiang
Zhuge Liang (181-234) dans son char

Le shu qimen 术奇門

Le shu qimen s’appuie sur les cinq éléments, les deux polarités yin et yang et différents objets tels que les esprits (shen), les étoiles, les portes et les troncs pour représenter une situation donnée.

L’analyse est conduite sur la base de flux de données représenté sous forme de grilles, qui peuvent être suivant les cas d’une portée annuelle, mensuelle, journalière ou horaire. Le shu qimen est utilisé notamment à des fins de prédiction, d’anticipation et pour l’élaboration de stratégies une fois les risques et les opportunités identifiés.

Ce qui suit concerne le shu qimen.

Le fa qimen 法奇門

Le fa qimen regroupe des pratiques telles que les talismans, les incantations, l’appel à des esprits et la soumission de ce que les registres appellent « les démons ».

Si en principe le shu qimen peut être appris depuis les traités disponibles (en chinois !) le fa qimen est une transmission de maître à disciple. Cet art requiert par ailleurs que le praticien (fashi, maître des méthodes) observe une discipline particulière. Suivant les lignées taoïstes, les méthodes peuvent varier, mais cela reste des pratiques très courantes dans le milieu taoïste.

Quelques composants du qimen dun jia

Tout travail de qimen dun jia commence par un calcul pour connaître les différentes couches de qi présentes à un moment donné.

On obtient un flux de données qui est présenté sous forme de grille. Cette grille comporte 9 palais avec chacun 1 élément de chaque groupe de composants :

  • Les 8 esprits ou divinités (shen, ).
  • Les 9 étoiles (xing, ).
  • Les 8 portes (men, ).
  • Les troncs célestes (2 par palais).

Les éléments sont distribués sur l’un des plateaux (pan, ) suivants : le plateau céleste (tian pan), le plateau terrestre (di pan), le plateau de l’homme (ren pan), le plateau des esprits (shen pan).

La position des éléments est calculée sur la base d’un calendrier particulier, et il existe différentes règles de calcul suivant les lignées de pratique et de transmission.

Les grilles peuvent être calculées à l’année, au mois, au jour ou à l’heure, suivant les enjeux, la nature du problème à traiter ou la réflexion à mener.

Suivant les praticiens, les différents composants ne sont pas tous placés au même endroit dans la grille, ce qui peut surprendre un débutant.

 

QMDJ horaire
Grille horaire de QMDJ - @ericspirau.com

Les 9 troncs

En QMDJ, on utilise 9 des troncs célestes, en effet le   jia  n’apparaît jamais directement dans une grille, il est caché et protégé par un autre tronc. 

Les troncs sont distribués deux par deux dans chaque palais de la grille, l’un en haut dans le plateau céleste et l’autre en bas, dans le plateau terrestre.

Dans l’analyse, on tient très peu compte de l’élément attaché à chaque tronc. En revanche, celui-ci peut représenter une multitude d’objets : lieux, personnes, actions, activités, animaux, fleurs ou plante, tempérament/humeur/caractère, partie du corps et maladie, de bâtiment, d’environnement géographique, objet physique.

Une autre particularité trompeuse pour les praticiens de bazi ou de feng shui par exemple, c’est la polarité. Sont considérées

  • comme yang, les troncs favorables à savoir   yi ,   bing ,   ding 
  • comme yin, et généralement défavorables, les autres troncs à l’exception ambiguë de   wu  qui peut être favorable dans certains cas.

Les 8 portes

Les portes sont généralement placées sur le plateau de l’homme. On en compte 8, qui prennent leur origine dans un palais particulier. Comme pour les autres composants, leur position est calculée. 

On distingue classiquement : 

  • 4 bonnes portes : Kai (nord-ouest), Xiu (nord), Sheng (nord-est) et Jing (sud).
  • 4 mauvaise portes : Shang (est), Du (sud-est), Si (sud-ouest) et Jing (ouest).

Cette répartition favorable/défavorable est un peu schématique : on peut imaginer utiliser de manière efficace une porte défavorable si le contexte s’y prête mais les classiques privilégient les voies directes. Et vertueuses. 

Les portes représentent chacune une foule d’objets, comme pour les troncs et les étoiles. La force et l’intérêt d’une porte dépendront notamment de sa position dans la grille.

Les 9 étoiles

Ces 9 étoiles renvoient aux étoiles de la Grande Casserole, le regroupement d’étoiles que nous repérons facilement à l’œil nu compte tenu de sa forme, complété de deux autres étoiles.

Les 9 étoiles sont étroitement liées aux saisons, et toutes associées à un élément. Contrairement aux divinités/esprits, elles ont un point de référence dans le lo shu :

  • Peng (nord), Ren (nord-est), Chong (est), Tianfu (sud-est), Ying (sud), Rui (sud-ouest), Zhu (ouest) et Xin (nord-ouest).

Chaque étoile est associée à un ensemble de symboles, comme pour les troncs et les portes.

La qualité d’une étoile dépend :

  • de sa nature intrinsèque,
  • de sa position,
  • de la saison.
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Les 8 divinités / esprits (shen)

les 8 shen/divinités se distinguent clairement des autres composants (troncs, étoiles et portes) par le fait que leur position de référence est différente suivant la période de l’année à laquelle la grille est dressée. 

Les 8 déités sont : Zhifu, Jiutian, Jiudi, Zhuqiao/Hu, Gouchen/Xuan, Liuhe, Taiyin, Tengshe. Suivant la période de  l’année à laquelle la grille est calculée, certains esprits sont remplacés par d’autres.

Chaque esprit/divinité régit un type d’activité, un état d’esprit, une intention. Quand on fait une collecte de qi, c’est un élément important de la recherche. Si on a besoin d’informations ou d’accéder à une forme de savoir, d’enseignement, on cherchera à accumuler le qi du shenTaiyin, pour favoriser les relations on se tourne vers Liuhe, pour développer une meilleure vision de l’avenir, trouver des solutions, imaginer des objets, c’est Jiutian qui nous sera utile, etc.

Nous sommes tous liés de manière particulière à une divinité, suivant notre date et notre heure de naissance.

Chaque divinité régit un sens, une approche du monde, une manière de faire qui la distingue des autres. Le lien que nous avons avec l’une d’entre elle en particulier nous confère certaines des qualités ou des caractéristiques de cette divinité. Par exemple, les personnes qui sont marquées par Jiutian sont en général plutôt des visuels et des visionnaires, ils tendent à réunir tous les moyens nécessaires pour atteindre leurs objectifs, avec un certain manque de scrupules si nécessaire. Les personnes marquées par  Zhifu sont plus facilement honnêtes au point de desservir leurs intérêts, Jiudi confère une certaine empathie. Etc.

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