La divination sur les doigts d’une main est une technique pour prendre rapidement une décision sans avoir la connaissance pointue que requièrent en général les outils de divination.
C’est donc est une méthode pratique à la portée de tous.
Les systèmes divinatoires pullulent dans le monde asiatique. Trois ou quatre mille ans de pratique ont produit des systèmes complexes (Liu Ren, Qi men dun jia, Yi king, wen wang ba bua notamment).
Les lettrés étaient dépositaires de ce savoir précieux qui se transmettait de maître à disciple, souvent dans le plus grand secret ou à grands frais.
Le peuple, lui, n’avait accès ni au savoir ni aux maîtres, mais son goût et son besoin de connaître n’étaient pas moins vifs. Des systèmes populaires de divination se sont donc développés. Certains requièrent l’assistance d’un expert attaché au temple local ou d’un devin de quartier, d’autres peuvent être maîtrisés par les amateurs moyennant un peu d’expérience. C’est le cas de la divination sur les doigts d’une main.
Une divination simple et pratique
Le système de divination est accessible à tous, pour peu que l’on possède quelques clés de lecture. Il est simple et basé sur une notion fondamentale de la culture chinoise : le moment où se produit un événement est significatif. Il concorde avec un ensemble de qi qui renseigne sur sa nature profonde et détermine au moins en partie son aboutissement. C’est tout le principe des «germes» si présent dans la pensée chinoise.
Connaissez les commencements et vous connaîtrez la fin.
Le commencement contient les germes de tout ce qui viendra ensuite.
Le calendrier chinois vous fournit les indications nécessaires.
Le second «ingrédient» est tout à fait ordinaire : on utilise les doigts d’une main pour connaître l’oracle.
Le principe de la divination par les doigts
L'oracle attaché à chaque doigt
Ouvrir largement la main gauche et affecter aux articulations de l’index, du majeur et de l’annulaire un chiffre allant de à :
Grande paix et chance
Soyez un peu patient
Joie rapide
Déception et querelles
Petite chance
Perte, danger
Comment faire : partons d'un exemple
Imaginons que vous ayez perdu un objet auquel vous tenez et que vous souhaitiez savoir si vous le retrouverez.
Vérifiez la date
Pour commencer, notez le mois, le jour et l’heure auxquels vous l’avez perdu. Si vous ne savez pas quand vous l’avez perdu, prenez la date à laquelle vous vous en êtes rendu compte. Supposons que cela se soit produit le 19 mars 2018, en début d’après-midi entre 13 et 15.
Pour repérer le jour et le mois lunaire, vous pouvez utiliser le « Calendrier de 10 000 ans – 3ème édition » [épuisé] ou « Almanach des énergies positives 2019 » [épuisé].
Reportez-vous à la page correspondant à la date. Dans l’en-tête de la colonne, il est indiqué que le 19 mars 2018 est le 3ème jour de la 2ème lune.
Repérez l'heure
Les heures chinoises fonctionnent par paire, on attribue à chacune un chiffre permettant de la repérer rapidement :
Suivant ce tableau, le chiffre correspondant à la tranche horaire 13:00-15:00 est 5.
Analysez la réponse
Vous pouvez maintenant sonder l’oracle :
- L’objet a été perdu pendant la 2ème lune, comptez donc , en marquant les articulations avec votre pouce de la main gauche et en partant du bas. Votre pouce se trouve donc maintenant sur la deuxième articulation.
- Cela s’est produit le 3ème jour du mois, comptez , , . Votre pouce se trouve maintenant sur l’articulation 5.
- 13 à 15 est la 8ème tranche horaire, comptez donc , , , , , , , . Votre pouce doit se trouver maintenant sur l’articulation . Souvenez-vous que le calendrier est organisé en mois lunaires. Ici, le terme «mois» signifie donc «lune».
L’articulation est appelée grande chance : vous retrouverez probablement l’objet perdu, tâchez de vous souvenir où vous étiez et ce que vous faisiez à cette heure-là et ne traînez pas !
Autre exemple de calcul avec une tranche horaire différente
Supposons maintenant que l’événement se soit produit le 14ème jour du 1er mois :
- Comptez pour le mois.
- Puis passez d’articulation en articulation en comptant jusqu’à 14 : , , , , , , , , , , , , , .
Préambule à l'interprétation
Vous trouverez sûrement utile de disposer de quelques informations supplémentaires pour interpréter la réponse. Il existe des petites brochures et nous vous proposons une traduction d’un de ces textes.
Nous avons conservé des idées très étrangères à notre culture qui feront probablement sursauter certains lecteurs : se tourner vers le ciel quand on est malade et s’affliger d’être enceinte d’une fille, par exemple pourrait en faire choquer ou surprendre. Replacées dans leur contexte culturel, ces idées qui semblent farfelues ou démodées ne sont pourtant pas dénuées d’intérêt si l’on tente d’en éclaircir l’intention.
- Cela peut aider si on se souvient par exemple que pour un malade, une pratique très répandue consistait à se rendre au temple pour consulter les baguettes oraculaires (qian). Le numéro de la baguette tirée était ensuite porté au dispensaire ou à l’hôpital lié au temple pour qu’un assistant décrypte l’information et produise la médecine indiquée par la déité du lieu.
La maladie était par ailleurs souvent attribuée à un dérèglement induit par le comportement du malade, qui par ses actions avait offensé les dieux ou perturbé l’harmonie de l’univers. Dans ce contexte, se tourner vers le ciel pour chercher remède est dans l’ordre des choses. Sans compter que le panthéon bouddhiste, pour ne parler que de celui-là, comporte d’importantes déités dont la fonction est de protéger de la maladie et de guérir. - La naissance d’une fille pouvait, elle, être vécue comme une difficulté particulière qu’on comprend mieux si l’on sait que dans beaucoup de régions, à leur mariage, elles quittaient la maison pour rejoindre celles de leur belle-famille. Dès lors, le lien avec les ancêtres de la famille paternelle était rompu, elles honoraient les ancêtres de leur époux et n’en connaissaient plus d’autres.
Une famille sans fils pouvait donc se trouver privée non seulement d’une paire de bras mais aussi d’un descendant qui prendrait soin des tablettes des ancêtres. Plus personne ne pourrait donc accomplir les rites si essentiels à leur salut et à leur bien-être. La lignée s’interrompait sèchement.
C’est pour éviter ces situations considérées comme catastrophiques que les familles adoptaient parfois dans le clan ou ailleurs un descendant. A charge pour lui, le moment venu, de rassembler les tablettes de ses propres ancêtres et celles de sa lignée d’adoption pour les honorer tous au moment des rites. - Certains oracles font mention du sud, de l’ouest, du centre ou autre. Si le sud est conseillé par exemple, cela signifie que vous devez aller en direction du sud par rapport à l’endroit où vous vous trouvez. Dans une habitation, vous êtes invité à chercher dans le secteur sud. Ces commentaires sont de même nature que les conseils de feng shui, ils reposent sur l’idée que temps et espace sont indissociables.
Guide d'interprétation
La méthode et les textes des oracles suivants sont une traduction libre d’un extrait de l’ouvrage de Henry Doré « Researches into Chinese superstitions »
Oracle favorable, chance
Oracle favorable, chance
Patience, patience, patience
Patience, patience, patience
Joie imminente !
Joie imminente !
Déceptions et querelles
Déceptions et querelles
Petite chance, succès moyen
Petite chance, succès moyen
Perte, danger
Perte, danger
Quid du libre arbitre ?
Les pratiques divinatoires soulèvent régulièrement l’éternelle question du libre-arbitre. Tout est-il écrit, gravé pour l’éternité dans la pierre ? Avons-nous une quelconque marge de manœuvre ? La question ne se pose pas pour les Asiatiques comme pour nous.
La notion de karma et l’inévitable principe de réincarnation pèsent sur la représentation que les individus se font de leur destinée et de leur liberté. C’est ce que l’on appelle la chance du ciel dans le modèle taoïste des trois trésors (san cai). On considère que la chance du ciel détermine environ un tiers de notre destinée. A l’évidence, cela réduit d’autant le champ de notre libre-arbitre, sans pour autant ôter à l’individu la responsabilité de sa conduite et de son éducation, au sens spirituel du terme.
Le culte des ancêtres traduit par ailleurs la conviction profonde d’un lien avec un au-delà du temps et de la réalité présente : on honore ses ancêtres par respect mais aussi, sinon plus parfois, pour s’attacher leur concours, solliciter leur bienveillance, leur protection.
S’il revient à l’homme de se faire homme noble et de vivre dans le respect des vertus confucéennes (la fidélité, l’altruisme, la droiture, la bienséance, l’intégrité et la piété filiale), l’individu on le voit n’est pas entièrement livré à lui-même pour autant. Il évolue dans un cadre contraint et des influences invisibles sont à l’œuvre. Si son libre-arbitre est réel, il n’est pourtant pas total.
Dans ce contexte, la divination sert à lire les germes d’une situation pour en comprendre le sens, saisir la logique d’un mouvement plus vaste qui dépasse l’individu. On s’en inspire pour agir avec justesse. On se soucie davantage de retrouver le fil du tao que de se sentir seul maître à bord de son destin.