Hexagramme et temps

En yi king, une question qui se pose de manière récurrente est celle du temps. Quand est-il est préférable d’agir ? Faut-il attendre ou au contraire faire quelque chose ?

La grande question du QUAND

Quelques hexagrammes offrent de ce point de vue une indication. C’est le cas par exemple de l’hexagramme 18 :

Avant le départ, trois jours

Après le départ, trois jours

Le 18 enjoint donc clairement d’agir sans tarder si une action est requise, ce qui est souvent le cas avec l’hexagramme 18.

gen
xun

Mais la consigne n’est pas toujours aussi claire. On utilisera alors le trait mutant pour situer l’action dans le temps :

  • Si la semaine par exemple est une référence plausible, le 1er trait mutant se rapporte au premier jour ou au jour auquel on fait le tirage.
  • Si en revanche le contexte de la situation implique un délai plus long, l’année ou plusieurs années, chaque trait (ou yao) se rapporte suivant le cas à un mois ou un trimestre ou une année.

Le même raisonnement s’applique pour les autres traits :

  • 2ème yao / 2ème jour,
  • 3ème yao / 3ème jour, etc.

C’est une clé de lecture qui paraît évidente quand on la connaît mais qu’on soupçonne rarement. Vous voilà initié !

"Compter le passé, connaître l'avenir"

Cette expression du Grand commentaire est intrigante. Wang Dongliang en offre une explication très intéressante.

Cette figure [le ba gua du ciel antérieur] a aussi le mérite, en facilitant la compréhension des deux termes « compter le passé » et « connaître l’avenir », de servir de guide pour l’usage divinatoire.

(…) Mettons-nous devant un trigramme par exemple xun qui est en haut à droite. Dans l’état actuel des choses, c’est le yang qui l’emporte : deux yang sur un yin. Tournons à gauche, c’est-à-dire en sens direct, le trigramme le plus près c’est qian où le yang domine pleinement ; appliquons « compter ce qui est passé en sens direct », on sait d’où il vient Xun.

Maintenant retrouvons le point de départ, notre présent, et tournons à droite en sens rétrograde, le trigramme le plus près c’est kan où le yin l’encombre et le yang est piégé ; appliquons « connaître ce qui est à venir en sens rétrograde », on sait où ira le trigramme Xun. L’image du devenir du Xun se dessine : il est entre le triomphe du yang (le passé immédiat) et le combat resserré entre le yang et le yin (le futur immédiat). C’est donc un moment assez heureux (du point de vue du yang) mais étant donné qu’il ne fait pas partie du parcours croissant du yang (de Kun à Qian en sens rétrograde), il n’a pas à se réjouir de sa situation actuelle comme le trigramme Dui (la joie dui) l’aurait fait dans son présent à lui. Il a tout intérêt à se méfier car c’est le moment où le yang commence à décroître et où le yin commence à prendre le dessus. Si l’on se projette en yin et que l’on change de point de vue, ce sera tout le contraire.

On peut considérer d’autres trigrammes de la même façon, on peut aussi élargir le champ d’observation d’un trigramme à plusieurs trigrammes, de plusieurs à tous, c’est-à-dire que l’on peut ne pas s’arrêter sur tel ou tel, mais appréhender la totalité de cette figure censée parler du mouvement de tous les phénomènes. Reste à suivre cette disposition des trigrammes et à les faire se redoubler et se croiser pour produire une disposition des 64 hexagrammes.

Ba gua du ciel antérieur
Le ba gua du ciel antérieur