Écrire un livre n’est jamais une tâche anodine. En ce qui me concerne, la poésie laisse mon imagination planer, le roman autorise tous les délires stylistiques, et les essais, même s’ils nécessitent plus de réflexion, permettent de développer des idées. Un manuel de cours sur un art traditionnel chinois requiert plutôt de la rigueur et de la pédagogie, encore de la pédagogie, toujours de la pédagogie. Pas de place donc pour les envolées lyriques ni pour les images trop chocs. Ni hic ni hoc, ni phrases trop longues, les relecteurs ont tôt fait de me le rappeler !

Chaque correction amenant de nouvelles idées, il est assez facile d’entrer dans une spirale dangereuse qui repousse toujours plus loin l’achèvement du chantier. Si on ajoute à cela la lecture des classiques pour conforter certains points et en approfondir d’autres, vous comprendrez aisément pourquoi ce manuel prévu pour le salon Zen de février sort seulement aujourd’hui !

La couverture est un extrait du 三命通会 san ming tong hui, l’un des classiques chinois consacrés au ba zi.

Traditionnellement, on dit du ba zi qu’il est facile à apprendre, difficile à maîtriser. Chaque concept est en fait un arbre qui cache une forêt. Il faut avoir fait moult fois le tour de l’arbre pour voir petit à petit émerger cette forêt, si tant est qu’on la cherche. Autant dire que le ba zi est difficile à transmettre.

Le manuel est donc organisé en 9 sections plus des annexes pouvant servir de référence rapide. Cette structuration forte isole les concepts importants et permet d’avancer pas à pas. Une cinquantaine d’exemples illustrent au plus près chaque concept et fixent ainsi les idées.

L’introduction passe en revue les cinq grands arts traditionnels chinois 五术 pour situer chacun dans son domaine de compétence. Il faut en effet se garder de mélanger les concepts, prendre une idée dans le ba zi, l’appliquer au feng shui, au tui na (massage) ou au mei hua (divination). Comme ces arts sont tous construits à partir du yin, du yang, des cinq éléments, …, il est facile de tout mélanger et in fine d’être contre-performant !

Chaque art peut être appréhendé selon trois paliers :

• La forme – vu de l’extérieur : de quoi s’agit-il, comment cet art est-il pratiqué ?
• Le fond – vu de l’intérieur : comment les concepts s’articulent-ils ? quel meilleur usage peut on en faire ?
• L’esprit : la quintessence de l’art, ce qui se dégage de l’expérience. C’est le niveau «secret» par exemple dans le bouddhisme.

Au premier palier, on apprend. Au deuxième, on pratique. Au dernier, on comprend où tout celà mène. Inutile de dire qu’on vit les trois plus ou moins simultanément. On progresse en spirale en revisitant chaque palier. Printemps, été, automne, …

Le manuel tente donc d’aborder ces trois aspects – externe, interne et secret. Comment le ba zi peut-il servir l’esprit ? En nous montrant clairement comment l’esprit fonctionne : comment nous créons les situations, comment nous réagissons en pensant exercer ainsi notre libre-arbitre. Tout celà est contenu dans le ba zi.

Pour ceux qui pratiquent déjà le feng shui, étudier le ba zi est un plus car il éclaire nombre de concepts utilisés en feng shui. En les voyant ici sous un angle différent, vous enrichirez vos autres connaissances en leur donnant un tour nouveau. En particulier, la base pour l’interprétation des combinaisons.