120 dragons

Le Feng Shui peut il changer le cours du destin

Un art populaire

Dans quelle mesure notre vie est-elle prédestinée ? Avons-nous barre sur elle ? Si l’on accepte l’idée d’une prédestination, quel est alors l’intérêt du Feng shui ? Voilà des questions qui titillent souvent les personnes qui s’intéressent au Feng shui. Cet article, qui retrace un cas rencontré par Grand Master Yap, apporte un témoignage intéressant sur ce sujet.

Il ne fait pas de doute qu’une force invisible infléchit nos vies et que le destin intervient dans ses aspects les plus divers qu’il s’agisse de réussite sociale, de reconnaissance, de compétence, d’intelligence ou de confort matériel. Dès le premier instant de notre existence, s’ouvre devant nous un chemin tout tracé. Un bon astrologue sait dire les événements qui vont jalonner une vie, annoncer les tours et détours d’une histoire écrite à l’instant de la naissance.

La planète compte des milliards d’hommes. Pourquoi certains sont-ils riches et d’autres pauvres ? Pourquoi certains travaillent-ils d’arrache-pied toute leur vie sans beaucoup de résultats, pourquoi vivent-ils dans des ghettos, quand d’autres deviennent des businessmen ou des dirigeants qui pèsent dans la vie politique et économique de leur pays, soutenus par la reconnaissance sociale et la fortune ? Bien souvent, dans les deux cas, ce ne sont pas les qualités intrinsèques des personnes qui sont à l’origine de ces disparités de situation. Est-ce que leur destin peut être changé ?

Master Yap raconte

Grand Master Yap est un maître de Feng shui renommé, mais il est également le président de la Fédération des Arts Martiaux de Malaisie, un grand maître de Qi Kung et de Kung Fu chinois. Cette histoire date des années 1966-69, une époque à laquelle les groupes d’arts martiaux étaient liés aux gangs locaux et aux triades, les chefs mafieux étant des membres actifs de la communauté martiale.

Master Yap Cheng Hai

Grand Master Yap et l’un de ses proches amis, M. Tong, en vinrent un jour de 1967 à discuter d’un cas extrêmement intéressant au regard de cette question. M. Tong était un excellent astrologue chinois, un maître incontesté de Tzi Wei Dou Shu (étude de la destinée) et souvent les deux compagnons d’arts martiaux se retrouvaient pour discuter Feng shui et astrologie. M. Tong exposa différents points de la carte astrologique d’un certain M. Chan.

A l’analyse, il ne faisait aucun doute que la carrière de l’homme concerné devait se dérouler dans l’armée ou dans les arts martiaux, qu’il était à la fois courageux et intelligent, issu d’une famille riche et bénéficiant d’une éducation poussée et qu’il avait été de surcroît doué dès son plus jeune âge pour les arts martiaux. Les éléments de la carte indiquaient de grandes qualités physiques (arts martiaux) et intellectuelles (éducation aboutie). Enfin, compétences et qualités relationnelles le destinaient à réussir sa vie et à s’assurer une bonne position sociale.

Signalons que ce M. Chan était effectivement très bon dans le domaine des arts martiaux (il appartenait à cette communauté), qu’il fit de brillantes études en Angleterre et qu’il était une personnalité influente. Mais M. Chan était le leader d’un gang local. Et c’est bien là ce qui intriguait M. Tong. Consulté des années auparavant il avait prédit que l’homme  » excellerait dans les arts martiaux, ferait de très bonnes études, serait un ami loyal, connaîtrait une vie aisée et dissipée, et qu’il deviendrait probablement un homme politique puissant « . Certes M. Chan s’était fait un nom, il était influent et puissant … mais dans un milieu douteux. Pourquoi était-il à la tête d’un gang et non à celle d’une formation politique ?

M. Tong et Grand Master Yap s’arrangèrent pour rencontrer accidentellement M. Chan et, quand ils eurent fait un peu connaissance, M. Chan leur raconta comment à sa naissance son père avait consulté un célèbre géomancien de Taïwan qui avait prédit qu’il deviendrait général ou ferait partie du gouvernement. Comment expliquer alors qu’il soit à la tête d’un gang ? Il avait bien sous ses ordres des centaines d’hommes mais on était tout de même assez loin de ce qu’il était censé devenir.

Quand le yin et le yang entrent en conflit

Les trois hommes décidèrent d’embarquer pour Taïwan pour résoudre ce mystère. Ils se rendirent dans les montagnes Chang Er où se trouvait la tombe du grand père de M. Chan. Cette tombe avait été très habilement placée sur un Hsueh (méridien feng shui) à l’endroit où le Wu Shan (montagnes Wu) rejoint le bras de la rivière (Yu Shui). Dans cette conjonction, l’eau fait un retour sur elle-même (on parle dans ce cas d’un eau  » sentimentale  » car elle semble prendre une partie du terrain au creux de son bras) et le Hsueh est protégé par un puissant Sha Shou (bras de terre). Cette disposition indique que les générations futures seront riches et qu’elles connaîtront réussite professionnelle et longévité.

Plusieurs anomalies furent toutefois relevées : il y avait une petite colline à droite du tigre blanc de la tombe dont la terre était noire, la forme rappelait un petit Wu Long (dragon noir). Les six canons des formations de la terre, l’un des canons classiques du Feng shui rédigé par le grand maître Ye Tai au cours de la dynastie Qing (1644-1911) indique qu’il s’agit là de la formation Dragon noir qui sort de la caverne. Le texte signale que, dans ce cas, les descendants ont de grandes chances de devenir généraux mais que leur réputation peut être douteuse et leur réussite discutable, en particulier à la troisième et la quatrième génération.

Tombe dans la montagne
Tombe dans la montagne

Le père de M. Chan avait été général, dans les années 50, avait pratiqué les arts martiaux et les avait enseignés à l’école militaire. Il s’était fait un nom à la fois dans les forces de l’ordre et dans le milieu. Il avait envoyé son fils faire ses études à Londres pour lui permettre de grandir dans un environnement à la fois plus serein et plus respectable. Mais, cruel tour du destin, M. Chan emprunta le chemin exactement inverse et prit la tête d’un gang.

Master Yap et M. Tong découvrirent par ailleurs que la pierre tombale avait été mal placée du point de vue des règles de Feng shui et qu’en conséquence elle ne permettait pas de tirer parti de la formation du Dragon noir qui sort de la caverne.

Dans le Feng shui yang (le Feng shui utilisé pour la construction des maisons, des villes), la porte principale d’une habitation doit être bien orientée et située dans un secteur doté d’une bonne étoile d’eau pour puiser dans les énergies de l’environnement et activer le qi de la maison. Il en va de même dans le Feng shui yin (le Feng shui utilisé pour les tombes) : la pierre tombale doit être orientée correctement pour que la formation fasse effet.

Master Yap et M. Tong pensent que cette erreur fut commise délibérément par l’entrepreneur chargé de construire la tombe, le fait que même les Fen Jin (Degrés d’or) n’aient pas été correctement alignés accrédite cette hypothèse.

La formation Dragon noir qui sort de la caverne aurait du générer une dynastie de généraux, de ministres ou d’hommes d’état puissants. Au lieu de cela, la discordance des Degrés d’or yin et yang conduisit les descendants à prendre la tête de triades et à se faire un nom dans le milieu.

C’est un exemple classique. Le destin s’accomplit mais le clash résultant de l’opposition des énergies yin/yang conduit à un glissement dans le domaine d’expression. Un homme qui aurait du se hisser au rang de général s’est installé à la tête d’un gang mafieux.
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Tombe dans la montagne
Pour finir d’assombrir le tableau, Master Yap se souvient que l’environnement de la tombe était plutôt yin. Il y avait en effet près de la tombe un vieil arbre dont le feuillage était assez dense pour en plonger la partie gauche dans l’ombre. La partie gauche de la tombe, le Dragon vert, étant associée aux fils aînés de la famille, il n’est pas étonnant que M. Chan et son père aient été les seuls fils de leur génération. M. Chan avait 5 sœurs cadettes et était allé jusqu’à se remarier dans l’espoir d’avoir un fils, mais rien n’y fit : ses épouses ne lui donnèrent que des filles.

L’ensemble des caractéristiques de la tombe permettait de penser par ailleurs que M. Chan risquait d’être impliqué dans des procès, de souffrir de graves blessures au début de la cinquantaine et qu’il aurait beaucoup de difficultés à avoir un héritier (dans la culture chinoise, seul un homme peut être considéré comme l’héritier de son père).

Master Yap se souvient qu’un an ou deux après ce voyage à Taïwan, M. Chan le rappela. Il lui expliqua être impliqué dans un procès déclenché par un conflit d’intérêts avec d’autres truands, conflit qui avait provoqué des problèmes dans deux grandes écoles d’arts martiaux de la communauté chinoise. Il avait été, peu de temps après, blessé lors d’une bagarre politique. Les prédictions se réalisaient : M. Chan rencontrait de sérieuses difficultés financières et des problèmes de santé. Il avait décidé de tenir compte des conseils qui lui avaient été donnés quelques années plus tôt concernant la tombe de son grand père et les deux hommes repartirent pour Taïwan pour revoir la tombe.

S’appuyant sur les 120 degrés d’Or (technique San He), Master yap lui conseilla de modifier l’orientation de la pierre tombale. Il prolongea de 30 cm le Sar (montagne) gauche de la tombe et le fit s’incurver vers l’extérieur en direction du tigre, puis fit en sorte que l’eau s’écoule au bon endroit. Ils ne purent pas entreprendre d’autres modifications car il était difficile d’obtenir l’autorisation de procéder à des changements plus importants.

120 dragons

Dans le cas d’une formation Dragon noir qui sort de la caverne, il n’est pas souhaitable de refaire toute la tombe. On dit en effet qu’une fois sorti de la caverne, le dragon noir ne peut pas y retourner, la formation perdrait son pouvoir si le cadavre était exhumé puis enterré une seconde fois. Les changement apportés devaient néanmoins permettre à la famille Chan de venir à bout de ses difficultés, difficultés qu’elle n’aurait pas connues si la tombe avait été construite correctement à l’origine.

Comme on peut s’y attendre, M. Chan gagna son procès en 1970. Ses affaires dans l’industrie du spectacle et le commerce de l’alcool connurent un essor considérable. Il eut par la suite deux fils qui sont aujourd’hui pour l’un médecin, pour l’autre ingénieur. Le gang de M. Chan, dont il est toujours un membre respecté, a renoncé aux activités  » mafieuses  » et s’est tourné vers des activités plus légales dans le monde du spectacle et du divertissement.

Joey Yap - Co-fondateur du Yap Cheng Hai Feng Shui Center of Excellence avec Grand Master Yap Cheng Hai
Traduit de l'anglais par Nathalie Mourier

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