Les outils modèles du feng shui

Le feng shui n’est pas une histoire de bon sens ou d’harmonie. Ce n’est pas non plus une panoplie de gadgets à placer ici ou là pour être riche ou faire tourner les cœurs. C’est un savoir complexe et organisé qui rend à chacun la responsabilité des efforts qu’il est prêt à consentir pour améliorer sa vie en tirant un meilleur parti du lieu dans lequel il vit. Ce lieu est en quelque sorte un véhicule qui attend qu’on le pilote pour aller quelque part.

Le feng shui n'est pas une histoire de bon sens

Les nombreux ouvrages de vulgarisation publiés sur le feng shui ont parfois donné l’impression que le feng shui était avant tout une histoire de décoration, de feeling et surtout de bon sens. C’est une idée fausse : le feng shui, c’est tout sauf une question de bon sens. 

Le feng shui décrit des phénomènes
dont les causes ne sont pas apparentes

En cela, il est semblable à la physique quantique qui est elle aussi assez « décoiffante » et bien éloignée du bon sens. C’est pour appréhender ce qui n’est pas apparent que le feng shui s’est doté de modèles comme L’école San he du feng shui ou le Xuan kong, mais aussi d’outils-modèles plus généraux, qui en sont les briques de base.

Certains de ces outils sont universellement utilisés dans tous les arts traditionnels chinois : le yin et le yang, les cinq éléments ou le calendrier des 10 000 ans. D’autres sont plus spécifiques au feng shui. Vous trouverez sur notre site différentes pages qui présentent ces notions que nous traitons en détail dans les formations et les ouvrages de Marip.

Tous ces outils aident à décrire et à comprendre ce qu’il y a réellement dans notre vie, dans notre environnement mais que nous ne pouvons pas appréhender avec nos cinq sens. La vraie réalité est au-delà des apparences et c’est un univers complexe. Croire que l’on peut trouver à gauche en rentrant chez soi une zone carrière ou amour dans laquelle il suffit de poser quelques bibelots pour accéder à la gloire ou filer un amour parfait, n’est pas réaliste. Démonstration par l’absurde : si toutes les personnes qui se sont intéressées au feng shui au point d’acheter un ouvrage grand public, ont activé la zone prospérité, il y devrait y avoir une explosion massive de millionnaires dans le pays, ce qui n’est clairement pas le cas.

Le feng shui est bien plus profond et utile que cela. Il nous met face à  nous-même, nous amène à nous poser la question de savoir ce que l’on est, où l’on veut aller et si l’on est prêt à faire les efforts requis pour y arriver. C’est un savoir qui a été affuté sur des milliers d’années par des gens attentifs à eux-mêmes, aux autres et à ce qui se passait dans leur environnement.

On peut aborder les grands principes du feng shui en deux grandes parties :

L'espace

la part évidente du feng shui

L'espace

Découvrir

Le temps

la dimension cachée du feng shui

Le temps

Découvrir

L'espace en feng shui

L’espace est certainement la dimension la plus connue du feng shui. Comment tirer parti de l’environnement ? Comment organiser sa maison, son appartement, son jardin, sa chambre … ? Tous ces aspects concernent l’espace.

Considérons tout d’abord les idéogrammes du feng shui .

Feng (prononcer fongue) vient de chong qui représente des insectes, engendrés par le vent. Feng désigne donc le vent qui déplace le qi. Selon le modelé du relief, le qi sera canalisé ou dispersé. C’est une des raisons pour laquelle on s’intéresse aux routes : leur conformation entre deux rangs d’immeubles ou la circulation des voitures fait naître le vent.

Quand à shui (prononcer choueille), c’est un rassemblement de petits flux, autrement dit : de l’eau. L’idéogramme indique clairement que l’eau rassemble, elle arrête le mouvement du qi qui descend d’une montagne pour le stocker si c’est un lac, ou le transporter si c’est une rivière.

Le qi chevauche le vent et s'arrête à l'eau.

Guo Pu, Livre des sépultures

Un dedans et un dehors toujours en phase

Le feng shui est donc un art qui s’intéresse à la façon dont le qi se rassemble ou se disperse. En quoi ce principe de feng shui nous intéresse-t-il ?

Les bouddhistes disent qu’il n’y a pas de différence entre l’intérieur et l’extérieur. C’est notre cerveau qui, enfant, apprend à identifier un soi à partir des limites du corps physique. C’est pratique dans le monde matériel pour se déplacer sans se cogner, pour attraper des objets, bref pour se positionner dans l’espace. Cela a un inconvénient : nous croyons plus fortement à un soi et par là, au fait qu’il y a une différence entre cette idée du soi (le dedans) et les autres (le dehors).

Aujourd’hui, avec les problèmes liés à la pollution, on commence à comprendre mieux l’interdépendance qui existe entre le dedans et le dehors. En réalité, dedans et dehors sont toujours étroitement liés. Si l’idée qu’ils sont une seule et même chose nous effraie, nous rebute ou est tout simplement trop difficile à imaginer, on peut juste rester sur l’idée que dedans et dehors sont toujours synchrones. C’est la raison profonde de tous les arts traditionnels : tout est observable dans tout, et agir sur un élément c’est agir sur tout.

Très tôt dans l’antiquité, les Chinois ont conçu les modèles du feng shui en observant le relief alentour et en mettant en relation ce qui se passait dans leur vie versus l’endroit où elle se déroulait. Ils ont mis en relation le qi, l’essence de l’un et l’essence de l’autre. Certains qi sont visibles, ce sont les xing qi, les qi de la forme. Les autres sont abordés par le calcul et appelés li qi, le qi intangible. Puis les anciens ont choisi ou modifié leur environnement pour qu’il se passe autre chose ou infléchir le cours de la vie. Les principes du feng shui étaient posés et accessibles aux initiés.

Adosser notre qi à celui de l'environnement

Chaque homme cherche à établir une trajectoire dans sa vie, met de l’énergie dans ses projets. Ce faisant il oriente son qi personnel dans cette direction. Si le qi de l’environnement n’est pas en phase, cela crée des perturbations dans la vie de l’homme … mais aussi dans l’environnement.

Si trop de personnes ne sont pas en phase avec le qi local, cela a un réel impact sur l’environnement, d’où des problèmes croissants avec l’augmentation radicale de la population.

Pour aligner les qi, il n’y a que deux manières de faire :

  • Aligner l’homme sur le qi environnemental.
  • Aligner le qi de l’environnement pour le mettre en accord avec le projet de l’homme.

La première solution est la plus sage. C’est celle des anciens qui interrogeaient régulièrement les dieux ou le ciel pour vérifier s’ils étaient toujours en phase avec l’univers et qu’ils étaient dans une relation harmonieuse avec lui. Harmonie ne signifie pas ici se sentir bien avec mais s’inscrire dans le flux du monde.

Notre culture et notre époque croit en l’individu, un individu possédé par l’idée de son libre-arbitre : nous pensons que nous pouvons faire tout ce que nous souhaitons, mettre l’environnement à notre service par exemple. Nous sommes autocentrés. Et nos générations commencent à sentir les effets délétères de cette vision qui nous enferme dans le champ clos de nos désirs et de notre volonté. Qui nous sépare de l’autre. Nous retranche de ce qui est plus grand et nous échappe.

Retour sur l'espace

Un autre principe de feng shui fondamental concerne l’espace : chaque espace a ses caractéristiques propres. Elles sont données en premier lieu par le bassin dans lequel il se situe géographiquement.

Le bassin est très important car l’agencement des collines et des vallées conditionne la collecte et la circulation des vents et de l’eau, autrement dit les moteurs du qi. C’est à partir de cela que l’on sait si on a un tigre dans son moteur ou pas. Les modèles du san he et du  san yuan sont faits pour analyser ces éléments.

Chaque fois que possible, nous devons chercher un lieu qui soit en accord avec notre projet. Sinon, il est plus raisonnable d’adapter son projet aux possibilités offertes par le lieu car le qi du lieu sera toujours plus fort. On peut remonter le cours de la rivière mais on finit par s’y épuiser, il est tellement plus naturel et plus vital de suivre le flux.

Suivant les lieux, la puissance du qi varie. Qui dit qi puissant dit belle réussite … ou gros soucis, selon la qualité du qi ou la manière dont on se branche sur la source d’énergie.

Ici intervient une dimension dont on n’a pas encore parlé qui est le temps. Ce sont le san yuan et les étoiles volantes qui indiquent très finement comment se comporte réellement le qi dans un lieu particulier à un moment donné.

Ce n’est pas vraiment étonnant : les grandes données de l’environnement comme les collines et les cours d’eau ne changent pas bien vite. Or tout le monde sait que la vie n’est pas un long fleuve tranquille. Chaque jour peut être différent, nos projets changent plus vite que les montagnes, il faut bien que le modèle du feng shui soit capable d’en faire état. C’est ce que nous montrent les principes du feng shui san yuan.

Importance du relief en feng shui

L'importance de l'eau en feng shui

A quoi sert l’eau en feng shui ? Faut-il absolument avoir de l’eau à proximité d’un bâtiment ? Eau du grand extérieur ou eau proche, qu’est-ce que cela signifie et quels sont les impacts ?

Vous rêvez d’une fontaine feng shui, d’installer un bassin d’eau ou une piscine dans votre jardin ? Qu’et-ce que cette eau va produire, quels qi va-t-elle activer et comment cela va-t-il, ou non, impacter votre vie ?

Les montagnes en feng shui

Dans les principes de feng shui présentés ci-dessus, nous avons souligné l’importance des montagnes.

Mais quand on parle de montagnes en feng shui, de quoi parle-t-on vraiment ? Une montagne isolée et une chaîne de montagnes ont-elles les mêmes propriétés ? Qu’est-ce qu’un dragon ? Et une veine de dragon ?

En terrain plat, est-on pour autant privé de montagnes ?

Tortue, dragon, phénix et tigre : les 4 animaux mythiques du feng shui

La cosmogonie chinoise fait une large part aux animaux mythiques qui prennent souvent l’allure de chimères. Symboles d’une qualité, d’un état, d’une condition, ils nous rendent un savoir tangible.

Dans les principes du feng shui, on en retrouve quelques uns : la tortue noire, le phénix rouge, le tigre blanc et le dragon vert. Chacun sert à désigner une qualité ou une caractéristique de l’environnement et proposent une conformation de base pour les constructions humaines.

Même si ces principes sont loin des sophistications du san he  et du san yuan, ils nous offrent une vision plus riche de l’environnement dans lequel nous vivons et un début de réflexion sur son impact dans nos vies.

Les zones et les secteurs

consacré un très grand nombre de pages aux zones du feng shui, promesses de richesse et d’amour pour peu qu’on veuille bien y mettre le bon objet. C’est facile et très vendeur, mais ça ne fonctionne pas et cela n’a rien non plus à voir avec le feng shui.

Les secteurs en revanche sont simplement une façon d’appréhender l’espace. Chacun résonne différemment dans les différents secteurs de la maison. Rien de fixe et de général pour tout le monde.

Le temps, la dimension cachée du feng shui

En feng shui, le temps est la dimension cachée comme en ba zi l’espace est la dimension cachée. Or l’un ne va pas sans l’autre. Pour qu’il y ait manifestation, il faut que quelque chose soit appliqué quelque part à un moment donné. Si on se réfère au calendrier chinois, on s’aperçoit que le temps a une saveur: il n’est pas indifférent que l’on fasse une chose à un moment donné plutôt qu’à un autre.

Avec e = mc la physique a produit une formulation équivalente : l’énergie est le produit de la masse et de la vitesse au carré, autrement dit le qi est le produit de l’espace et du temps. Mais en physique le temps est pris au sens de durée, il n’a pas de saveur particulière.

Le temps, un concept complexe

Plus on y regarde de près, plus on s’aperçoit que le temps est quelque chose de compliqué. Nous pouvons en voir les effets dans le déroulé d’une journée ou la succession des saisons, la naissance, le vieillissement et la mort. Notre perception du temps se fonde sur la mémoire des moments passés et notre capacité à élaborer un futur. Or la réalité, elle, n’existe vraiment que dans le moment présent, un moment que notre esprit habitué à fonctionner autrement ne sait pas appréhender réellement.

Quand on comprend qu’on appréhende mal le temps, on s’aperçoit également qu’on se fait une fausse idée de l’espace, ce qui montre à quel point ces deux aspects sont liés. Einstein avait imaginé une expérience qui n’était pas réalisable techniquement de son vivant mais qui a pu être menée il y a quelques années à Orsay. Il s’agit de couper une particule en deux et d’en éloigner les deux parties. Quand on interagit avec l’une de ces parties, on constate que la deuxième partie est également impactée et ce dans un laps de temps tellement court qu’il exclut toute communication entre elles. Ce qui nous conduit à la conclusion que l’espace n’est probablement pas lui non plus ce qu’il semble.

Physique quantique
En feng shui, le temps est pris en compte différemment en San He et San Yuan

Si l’on étudie les principes de feng shui du san he du san yuan, on a tendance à dire que le temps n’est pas pris en compte en san he. En fait, il peut l’être quand on cherche par exemple la relation entre le pilier de naissance de l’habitant et l’assise du bâtiment. Mais le temps est qu’il est beaucoup plus présent en san yuan avec l’introduction de la période, donc avec un pas temporel de 20 ans en particulier (il existe des cycles plus rapides d’un an à une heure, et d’autres beaucoup plus longs de 180 ans, 540 années et plus).

Toutefois, ces modèles étaient tout particulièrement destinés au yin feng shui, c’est à dire au feng shui des tombes ou pour implanter des cités. On se souciait peu de se qui se passait au jour le jour à l’intérieur de la tombe !

Cela donne le faux sentiment que le temps n’a pas d’importance. Or quand on lit l’article consacré aux étoiles volantes et à l’histoire de Shen Shu Reng, on voit que le sujet tracasse depuis très longtemps les maîtres de feng shui. Si l’on ne tient pas compte correctement du temps, les formules du san he et du san yuan peuvent se révéler dangereuses. Quand aux dragons d’eau, les risques sont encore plus grands.

En conclusion, on peut dire que les grands modèles du feng shui identifient les courants de qi propices à la vie et à son développement. Ceux-ci sont pratiquement a-temporels, en tout cas à l’échelle des civilisations humaines si on omet les effets de la dérive magnétique. Pour ce qui est de leur mise en application et de l’impact sur nos vies, il faut regarder plus en détail le couplage entre l’espace et le temps. Le temps seul ne suffit pas en feng shui, pas plus que l’espace seul.

Vous trouverez ci-dessous 3 aspects importants de la mise en œuvre du temps en feng shui.

Parce que le temps est une donnée fondamentale dans la mise en œuvre du feng shui sans laquelle on ne peut pas avoir de résultat, Marip publie chaque année  l’Almanach des énergies positives afin que grand public et professionnels disposent des outils appropriés pour appréhender la saveur du temps.

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